Hache sculptée dans le bois
L’ART DU BOIS (ABO)
Le bois semble avoir été la première matière utilisée en matière d’Art, dans ce coin de la terre surtout si on pense au rôle du sacré dans la vie des fils de la terre et à la confection des têtes de masques et des bois fourchus.
Le bois entre dans la confection des objets de premières nécessité : manches de dabas, pioches, couteaux, siège, escabeaux, piliers sculptés de peaux de cuir, mortiers, pilons, tam-tams de toutes dimensions et de tout rite ou objets spéciaux : crosses de fusils à pierres.
Trônes en bois sculpté
La standardisation étant inconnue, chaque objet fini par être marqué de la sensibilité de la main qui façonne, beaucoup d’objets.
Beaucoup d’objets sont souvent décorés avec passion qui permet aux connaisseurs d’identifier les lieux de provenance.
L'Art du bois concerne ainsi tous les domaines de la vie et tous les peuples du continent.
Dans le cadre du Musée on pourrait cataloguer les oeuvres en art de l’influence traditionnelle et en Art de l’influence dite moderne.
L’ART DE LA CALEBASSE
Dans l’art du bois une importance particulière doit être attachée à l’art lié à la calebasse, encore que cette matière eut pu relever de développement à part.
La calebasses ABO-01 dans la tradition, la gourde de l’origine "Kaandé" selon l’appelation à Manéga est considéré comme la mère, le tabernacle d’où se tire la quitescence pour réaliser la vie ; la jeune mariée ne va pas chez son conjoint sans et sa calebasse pour l’eau de boisson et la calebasse particulière (Yaam-Wamdé) pour les soins du nouveau-né à venir même s’il ne venait pas ; une calebasse sert de couvre chef aux chasseurs ; une autre couverte de cauris, de sacrifices de sang, de plumes de volailles ou de poils d’animaux qui ne se nettoie jamais mais sert à la consommation constitue d’autres couvre chefs pour les mystiques responsables au plus haut dégré des "Fils de terre".
Cette manière est celle des tam-tams Bendré et des viels traditionnels.
C’est l’ustensile de base de l’ethnie Peulh qui accueille et conserve le lait.
C’est le récipient pour les sacrifices ou des mesures de boisson ; c’est le compagnon, l’outil, le coffre-fort du mendiant, le seul bien restant sous réserve du chiffon qui protège ce qui reste d’essentiel, chez les parias de la société est exclu à tort.
La calebasse ABO-02 est de la nuit et du jour de l'Afrique traditionnelle. Elle relève de soins particulières, de décoration par les artistes avertis.
Pour l’eau de boisson, il faut néanmoins savoir qu’il est interdit à certains dignitaires de consommer un liquide contenu dans une calebasse ABO-03 décorée ; traditionnellement, il faudra s’abstenir d’utiliser l’art dans ce domaine qui pourrait être très désobligeante.
LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE ET DU LANGAGE
Les instruments de musique et de langage sont considérés dans le milieu, comme les plus proches et éternels compagnons de l’homme ; lls prendront part à sa connaissance pour rendre celui-ci prometteur : ils prendront part à sa mort, en rappelant sa vie et en l’accompagnant par le verbe ou la danse sur le sentier qui va de la terre à l’au-delà ; ils l’assisteront et l’aideront dans le travail et l’administration de la cité.
Dans la zone entourant le Musée l’instrument de Musique est d'abord de langage, l’instrument s’exprime par un style propre avant de céder le pas au rythme.
Même pour les instruments de pur rythme telles les castagnettes à défaut d’expression personnelle de langage, ils seront précédés par un langage de tambour ou un langage de la parole ; mais l’homme qui parle ou chantera ne peut s’exprimer que sous la seule liberté et les canons des rythmes des instruments muets.
Les instruments de musique ou du langage sont au centre de l’Afrique traditionnelle particulièrement au centre de Manéga qui abrite le Musée.
Pour l’importance en la matière nous nous référerons à nos ouvrages en les recommandant aux visiteurs "Bendrologie" en 6 volumes (rénéotypée édité sous "le Langage des tam-tams et des Masques en Afrique" ou "Bendr N Gomdé" "Paroles et Poésie des tam-tams" en 11 volumes.
Dans le cadre du langage rappelons que le message pouvait être envoyé de la cour du Moro-Naba de Ouagadougou et repercuté tous les dix kilomètres par relais d’autres tam-tams, jusqu’à la périphérie de l'empire ; en cas d’approche de négriers à l’époque de la traite des esclaves, l’information était envoyée de la frontière ; parvenu au niveau central, un conseil spécial prenait la décision qui s’impose par exemple requérir la riposte par tel et tel autre village de la proximité ; c’est pour cela que d’aucuns disent qu’avec la fonction du tam-tam qui joua comme le téléphone le Mogho n’a pas pu être victime de l’esclavage.
Les instruments de la musique et du langage ont joué ainsi un rôle historique irremplaçable et fondamental au-delà du culturel.
C’est pour cela que le tam-tam est l’instrument qui représente le plus l’Afrique.
Certains tambours et balafons sont sacrés, avec une vie propre et active comme celle des hommes.
Certains tambours étaient étaient l’âme des peuples et se sont illustrés lors des conflits armés ; il était souvent indiqué pour avoir la victoire de s’approprier le tambour adverse, que de capturer même son chef.
Malheureusement, les plus grands tambours et instruments en la matière ont quitté le continent et meublent les Musées de l’Occident, souvent arborés d’amulettes de secrets, souvent tapissés de crânes humains des chefs de guerre vaincus.
L’Afrique profonde de certains villages rythme sans âme ; l’âme du tambour qui régule a quitté pour l’occident, emprisonné, inacessible aux habitants.
Dans le cadre du Musée, j’ai essayé de rassembler les instruments du langage et de la musique qui m’ont directement servi dans mes recherches et travaux portant sur la Bendrologie, concept qui a donné son nom au Musée.
- Il s’agit des tam-tams Bendré ou tam-tams gourdes ou tam-tams calebasse (ITM-OA/1A)
Pour la description, les langages et rythmes des instruments, nous renvoyons les visiteurs à nos ouvrages sus-cités. Cet instrument avec quelques variantes, est utilisé par plusieurs régions du Burkina et pays limitrophes. - Il s’agit des LUNSE (singulier Lunga) ou tam-tams d’aisselle (ITM-1B/2B/3N) qui accompagnent les rois, mais aussi les masques Younyonsé et font danser les Yarsé et leurs ânes.
- Il s’agit des Gangando (singulier Gangaoogo) sous trois formes (ITM-1C/2C/3C)
- Gan-gan-guilsi (ou petits gangaogo)
- Koob Gangaogo (Gangaogo des labours) en fait utilisé pour aussi les longs messages et les rythmes lourds et longs (ITM-1E/2E/3E).
- Les Wiis Gangando (singulier Wiis-Gangaogo) ou long tam-tam des Wiis kamba (ITM-1F/2F/3F).
Le Musée contient une cinquantaine des instruments sus-cités ; notons que les deux gros tam-tams des Wiis Kamba sont parmi le dix plus importants de toute la zone de l’ancien Mogho.
- Les Balafons (ITMG)
Il s’agit d’instruments utilisés surtout au Sud ; deux balafons de ce Musée sont sacrés ; plusieurs rituels ont été opérés sur eux ; on y voit les traces de sacrifices surtout le balafon n° ITM-1G/2G/3G. - Les Tambours des Forêts (ITM-H)
Ils sont spécifiques, généralement posés verticalement sur le sol à moins qu’ils ne soient de taille réduite. Un des tam-tams du Musée est originaire des forêts de Guinée (ITM-1H/2H). - Les Flûtes (ITM-I)
Il existe dans le Musée 500 flûtes qui couvrent tout le continent Africain particulièrement la zone Soudano-Sahélienne (ITM-I1/I2/I3).
- Les Cors, les Trompes (ITM-J)
Ils sont utilisés pour le langage, l’accompagnement des rythmes, les rituels des chasseurs. Ils peuvent être richement décorés et atteindre des dimensions élevées comme ceux du Musée (ITM-J1/J2/J3).
L’ART DE LA PIERRE
La pierre a été de bonne heure exploitée dans le milieu traditionnel aux fins de la vie quotidienne (les meules par exemple et souvent à même la roche), au service de l’art et de la beauté.
Un des refrains populaires développé par notamment la cantatrice Yam-Daaré (la volonté de la mort) dit :
" M kong m doll
N beed sanbga
M kong m doll
Kugr kaka
Kugr kaka
Yound mame … "
" Je n’ai pas vu mon amant
Le mal envahit mon être ;
Je n’ai pas vu mon amant
Bracelet en pierre
Bracelet en pierre
Me tombe dans les bras ".
Le style littéraire est doublement indirect et imagé ; on identifie les conséquences aux causes. On est maigre (le bracelet ne serre plus mais flotte) parce qu’on est malade, on est malade parce qu’on n’a pas vu l’amant.
Dans l’ancien temps il y avait des bracelets en pierre qu’on mettait jusqu’à l’avant-bras ; en cas de joie, de bonheur on s’arrangeait à les cogner l’un à l’autre. Cet art était très répandu. C’est à défaut de pierre que de tels bracelets (qui ne sert pas en font des bracelets) étaient en bois.
La pierre a servi également à confectionner des fétiches, des sortes d’autels.
L’art funéraire l’utilisera avec bonheur dans la pratique des " Yakouga " (Pierres Tombales).
Sous réserve des demandes sus relatées, l’utilisation de la pierre en tant qu’objet d’art populaire n’a connu de grands développements qu’au cours de ces dernières années, avec les œuvres très riches à Laongo des artistes du Centre National des Arts et autres artistes du Burkina Faso, de l’Afrique et de plusieurs autres pays du monde.
L’ART DU CUIR
Le cuir est centre de beaucoup d’activités dans la société traditionnelle surtout sur le terrain ésotérique, mystique et religieux.
Le premier attribut des Poéssé (Devins) est sa sacoche en peau (" Korogo " qui a donné son nom aux adeptes de cette famille) qui contient les fétiches accompagnant son " Laaga " (plat pour divination).
Les chefs (Tingsoaba) des Younyonsé (Fils de la terre) ont toujours en bandoulière leur sacoche contenant les effets mobilisateurs des tempêtes.
Mais le cuir a également été utilisé dans la tradition, au service de l’art. Il semble que les premiers travaux aient porté sur la confection des chaussures (tarbogdo) puis des tabatières (tab-togdo). Si les seconds n’ont pas connu d’évolution dans le temps, les chaussures feront l’objet de décoration, puis d’un travail particulier de présentation variée et riche.
Les armes, attributs de l’homme digne (sabres, couteaux, casse-tête, etc.) donneront matière à travail et décoration, de même des rivalités pour meilleures présentations interviendront dans les ports vestimentaires des chevaux (selles, chasse mousse, harnachements, etc.) ou même de l’homme (chasse mousse des rois, chapeaux traditionnels). Sur le plateau central du Burkina, il a rarement existé des trônes ; les dignitaires s’asseyent sur des coussins de peau richement travaillés (poufs).
Toute la beauté de la vie et de la mort ne confectionnera pas en se passant du cuir ; on le retrouvera dans les tressages des paniers en roseaux qui accompagnent la jeune mariée à son domicile conjugal (" Pé-neeré ") ou le mort (" Kou-peoogo ") auprès des ancêtres.
L’art du cuir est l’un des plus représentatifs de nos jours de l’art burkinabè et de celui de plusieurs pays de la sous région ; le cuir est utilisé jusqu’à la pyrogravure pour faire des sacs de travail ou de sortie (hommes et femmes), grandeur et personnalisation de plusieurs congrès ou de richesse de toilette ; les objets d’utilisation courante ou des salons de luxe (canapés, fauteuils, literie, couvertures de tables par collage, etc.) témoignent d’un art orignial et en pleine expansion.
Des murs de grands salons peuvent en être tapissés avec décoration aux styles et thèmes souhaités.