L’idée de la préservation de l’art du bronze est une influence sinon une exigence du milieu.
Depuis plusieurs siècles se sont implantés au Nord de Ouagadougou les adeptes des artisans " Yongsé " (fondeurs) du quartier Yongsin. Ce sont des artisans du métal, plus précisément du bronze, confectionnant avec la méthode de la cire perdue. De leurs activités, il est une très significative et seule spécialité.
Après la nomination d’un Moro Naba, un maître de ce groupe est désigné pour être tous les matins à la cour ; il y observe directement le visage du nouveau Naba à ses sorties matinales.
Il travaille quotidiennement pendant le temps qu’il faut. L’effigie ainsi réalisée est conservée dans un temple de la région de Loumbila, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Ouagadougou pour la connaissance des ancêtres par les nouvelles générations. Ce sont des spécialistes de l’art, mais fondamentalement l’art du bronze.
Dans le cadre du Musée, j’ai décidé de l’exploitation, de l’utilisation de l’art du bronze pour la pérennité de l’histoire et par l’utilisation de plusieurs milliers de figurines ; cela a donné naissance à l’épopée de Yennenga.
L’Epopée de Yennenga
L’idée initiale de la dénomination est sortie de la désignation coutumière de l’idée d’histoire du peuple ; j’ai voulu retracer l’histoire du Mogho à partir du bronze à ouvrir plus tard sur l’histoire du Burkina, puis sur l’histoire du continent.
Pour les Mossé, la mère de ce peuple est l’amazone Yennenga ; on dira dans le milieu que les Mossé sont des " Yenneng-Pendé " (" du bas ventre de Yennenga "), si c’est un homme on dira " A zagl Pendé " ou " A zagl Kour Wiir " (" du bas ventre de x ou de la ceinture de x ").
L’expression " bas ventre " de Yennenga apparaissant difficilement acceptable dans un langage, je l’ai traduit par " l’épopée de Yennenga " pour " Histoire glorieuse de la descendance de Yennenga ".
Cette épopée faite en plusieurs tableaux de figurines comporte 1500 figurines ; l’exiguïté des locaux n’a pas permis d’exposer tous les tableaux décrivant une courbe complète dans la salle choisie à dessein qui est circulaire ; en effet les Mossé sont venus de Gambaga dans l’actuel Ghana au XIè siècle. Aux termes de près d’un millénaire de vie, la colonisation s’est accaparée de leur sol, a chassé le dernier Roi (1896) qui s’est enfui de Ouagadougou à Gambaga où il trouvera la mort, bouclant ainsi la boucle.
(Pour plus de détails sur l'épopée de Yenninga, voir l'ouvrage "l'Epopée de Yennenga" dans la collection "Le Musée expliqué").
Les Bracelets
Les bracelets sont confectionnés avec pour premier objectif les parures, la beauté de la personne qui les porte ; ils sont fondamentalement en bronze ; mais il en est en laiton, cuivre, aluminium, en os et e pierre ; le Musée renferme cinq cents (500) bracelets).
Ils peuvent être simple mais généralement devant participer à la beauté ; ils sont généralement décorés ; ils peuvent être démontables, composés de deux morceaux qu’on rassemble ; ils peuvent comporter des creux, des boules, des figurines ou porter sur plusieurs alliages.

Bracelets en métal et bronze
Ils peuvent servir à la vie courante mais aussi concerner des rites, être des fétiches ; c’est cette idée qui figure dans le Zabyouré (devise) de Lallé (" Bambi Kon Wouloug Koom " " les petits fers ne se mouillent pas à l’eau "). Ils peuvent ainsi relever de rites d’initiations comme des êtres vivants pour être portés par les ancêtres, très généralement au bras gauche ; les bracelets, objets d’initiation sont en général simples mais d’apparence sales car imbibés ou couverts de produits sacrés.
Les Chevilliers
Il s’agit de grands bracelets ; deux figurent au Musée. Ils sont très généralement décorés et finement, et servent à la beauté des reines.
Ils peuvent servir aussi comme éléments de punition ; en ce cas on contraindra l’auteur à les porter de manière continue plusieurs jours ; le poids peut entraîner de graves meurtrissures.
Les chevilliers ne peuvent être portés que par des femmes de cour. Afin d’éviter la vulgarisation, ils sont importés de Kano (actuel Nigeria) ou plus récemment de Niamey ( Niger).
Chevilliers royales
Les Bagues
Les bagues sont en toute matière ; dans la société traditionnelle la quasi totalité était sacrée, c’est-à-dire au service de la protection de la personne qui les portait. Pour les hautes personnalités elles peuvent atteindre des dimensions plus importantes ; on ne doit jamais porter de bagues aux index, surtout à la droite à moins que ce ne soit des prescriptions du mysticisme généralement pour faire du mal ou être craint.
Les pointes de beauté
Les femmes se distinguaient par les jolies tresses ; dans le milieu on faisait une crête centrale tressée généralement par une pointe à l’arrière (Giem-Pooré) ; mais aussi il en existe vers le visage (Giem-taooré) ; on pouvait la garder des semaines durant ; le temps pouvant entraîner des démangeaisons on fixait sur la coiffure une pointe de beauté " Saa-n-yangui " pour gratter directement ; cette pointe est façonnée pour accroître la beauté de la coiffure ; elle peut être en toute matière ; on la souhaite plate et brillante pour attirer les admirateurs ; mais chacun ayant son goût, les formes de cette pointe vont à l’infini.
Œuvres contemporaines en bronze représentant l’amazone Yennenga et le chasseur Riaré