L’une des premières salles consacrées dans le musée aux masques des régions, porte sur les Masques de l’ouest du Burkina ; ceux-ci sont sacrés mais relèvent aussi souvent d’éléments de réjouissances populaires. Il sont variés, multiformes ; sont aussi dispersés dans le secret des villes que des campagnes.
L’honneur et la confiance des anciens m’ont valu des présents et des renseignements en instance d’exploitation profonde ; en attendant, certaines représentations géographiques m’ont imposées d’être portées a public par delà le secret, et les nuits nécessaires qui l’enveloppent, et ce pour la grandeur et profonde connaissance de la culture dans le respect des âges et des civilisations.
Il est rappelé que c’est une prescription du Musée que devant tous les pavillons qui renferment des Masques et objets de cultes sacrés, il est prié aux hommes de se décoiffer (les femmes peuvent garder leur foulard) en signe de respect à ces expressions et expositions d’une culture particulière.
Des masques présentement exposés, on reconnaîtra :
MASQUE dit " DISQUE " (Région de Houndé)
Le masque dit " DISQUE " est l’âme du village dont la sortie est précédée du sacrifice d’un coq blanc. Toute la vie sociale s’articule autour de ce masque. Il est interdit aux femmes de le regarder en face à moins d’être de la cour qui l’abrite et sous réserve d’autorisation spéciale et expresse.
Le tiapalo, boisson locale accompagne les rites. Il peut être sollicité au masque la réalisation de certains vœux (souhait de maternité en cas de stérilité ancienne, de santé pour les maladies graves, de bon voyage si on quitte pour les contrées inconnues, etc.) avec la promesse de lui offrir un animal (mouton ou bœuf).
Le malheur frappera celui qui après satisfaction refusera de s’exécuter.
MASQUE TOUSSIAN (Toussiana)
Le masque Toussian règle la vie sociale. Il bénit les céréales pour les semences. Si les récoltes sont bonnes, on lui offre un poulet blanc avant toute consommation. Il sort chaque fois qu’un ancien du village meurt et procède à des rites pour son repos. Il supervise les circoncisions, éloigne le mal, apporte la santé et la formation adulte aux initiés. Il est dans le groupe social la garantie de la paix. Il avise les avertis de la mort prochaine des anciens. Ce masque est utilisé également pour l’initiation des jeunes de la vie. Il participe aux funérailles des vieux. Ordonne dans les rites d’inhumation la présence d’animaux tel que la chèvre et l’utilisation de la boisson locale " KO KO KOU ".
La matière utilisée pour sa confection est spéciale et relève de rites réservés. Un élément de la société doit disparaître après la confection du masque. La vue du masque pendant les rites est interdite aux enfants, aux jeunes filles ou femmes qui n’ont pas encore enfanté sous peine de stérilité définitive. Aussi à sa sortie la nuit, les femmes et les enfants concernés quittent le village. Les funérailles auxquelles participe ce masque durent trois jours au terme desquels une famille est désignée pour le conserver pendant une année. Généralement le plus ancien du village est désigné. La vue de ce masque n’est autorisée en dehors des anciens qu’aux femmes du groupe des forgerons qui seules doivent pourvoir à la ration quotidienne en eau potable des masques. Avant de coucher le masque, on tue des poulets qui n’ont pas de plumes. Des rites s’opèrent par leur chair, de la cola, un balai et un morceau de tissu traditionnel, le tout est déposé à l’entrée d’une fourmilière éloignée du village. Après les danses, les cordages de la robe sont ramassés religieusement afin d’éviter le contact du feu ce qui constituerait un malheur pour le masque de la région. Il est le protecteur des enfants contre les maladies infantiles. A chaque nouvelle saison (nouvelle année) on lui offre un poulet rouge pour le bonheur de la collectivité ; avant un voyage on sollicite sa bénédiction et sa protection. On pose dès lors sa main sur lui en lui formulant des souhaits pour un bon voyage, un bon retour, une santé sans faille à toute la famille.
MASQUE dit " PAPILLON " (région de Houndé)
Le masque dit Papillon est dans la région le plus grand acteur de saison. En hivernage, il est celui qui intercède pour qu’il pleuve. Des sacrifices, des rites sont constitués de poulets noirs. Il apparaît également à la naissance des jumeaux. Le secret est jalousement gardé par le patriarche du village qui le transmet par cooptation liée à l’âge, toujours du plus ancien au plus ancien en suivant. L’un des outils les plus sacrés attributs est sa canne. On utilise celle-ci pour les soins des maladies incurables mais aussi pour conjurer le sort ou jeter un sort à l’ennemi du village.
GOGRAOUA (Masque Bélier – région de Bobo-Dioulasso)
Ce masque a pour fonction de lutter contre les adversités de l’homme (calamités, fléaux de la nature, épidémies, ennemis du village).